(Re)Fonder : les modalités du (re)commencement dans le temps et dans l’espace
La réflexion sur la notion de fondation est indissociable de la nécessité, observée dans les sociétés humaines, d’actualiser à intervalles plus ou moins espacés la séquence des actes fondateurs ou ressentis comme tels. C’est cette idée qu’exprime le terme aujourd’hui en vogue de « refondation », symptomatique du besoin des individus, des groupes d’individus et des sociétés d’inscrire la fondation dans la durée.
S’interroger sur la manière dont les hommes fondent et refondent aujourd’hui, dans les temps passés et sur le temps long revient foncièrement à se demander comment ils s’attachent à donner à toute chose, tangible et intangible, son existence et sa forme. La (re)fondation évoque ainsi tout aussi bien les découpages temporels marquant un avant et un après l’existence d’une entité de nature sociale (fondation d’un royaume, d’une communauté singulière, établissement d’une constitution, de la mémoire à attacher à un événement) que le découpage spatial et l’ancrage dans le sol d’une réalisation matérielle (fondation d’un édifice que l’on veut pérenne, bornage des limites d’une ville, d’un quartier, d’une maison ou de tout espace transformé en territoire quand on distingue un intérieur et un extérieur).
L’ouvrage met en avant plusieurs des modalités du (re)commencement : le rapport complexe au thème des origines ; la fondation ou refondation des colonies (grecques et romaines) ; la production de nouvelles échelles par la fusion ou l’extension d’espaces, la mobilité et la conquête ; la mise en récit(s). Ce sont autant de modes de mise en ordre du monde, du temps et de l’espace qui instituent pour l’avenir et légitiment par rapport au passé.