Pincevent (1964-2019)
Cinquante-cinq années d’ethnologie préhistorique
Mémoires de la Société préhistorique française 68
La Pincevent est un site magdalénien de Seine-et-Marne, fouillé d’abord sous la direction d’André Leroi-Gourhan pendant près de vingt ans, puis par ses successeurs sans discontinuer. De ces 55 années de recherches (1964-2019), retracées ici à travers les rapports annuels et des centaines de publications, dont quelques monographies qui ont fait date, est tirée une relation centrée sur l’adaptation puis l’évolution des méthodes de fouilles, sur le déplacement progressif des objectifs, sur leurs extensions et les liens de plus en plus imbriqués de leurs modalités dans une perspective unique dès l’origine : l’ethnologie préhistorique. En effet, Pincevent est, pour André Leroi-Gourhan et dès sa découverte, le terrain idéal pour développer son ambition de fouille expérimentale, et tenter d’approcher ainsi le quotidien de la vie des hommes de la préhistoire. Commencé comme une opération de sauvetage, le chantier est très vite devenu le lieu d’une expérience pérenne dont les retombées méthodologiques se sont ensuite répandues dans l’ensemble de la profession. Mais, au-delà du suivi des avancées méthodologiques – dont celles de fouille et d’analyses du matériel lithique, des foyers ou de l’étude de la faune – nous avons voulu en suivre les rapports avec le concept même d’ethnologie préhistorique. Pour cela, à la suite des travaux et écrits de Leroi-Gourhan antérieurs à 1964 (lorsque lui et son équipe fouillaient les grottes d’Arcy-sur-Cure ou l’hypogée des Mournouards), sont pris à témoin aussi bien les propos, tant théoriques que pragmatiques et descriptifs des fouilleurs eux-mêmes, que les réflexions, commentaires, voire critiques que les autres préhistoriens ou ethnologues ont pu faire depuis un demi-siècle sur ces travaux qui constituent une référence aujourd’hui largement partagée. Que ce soit pour les méthodes de fouille ou d’interprétation ethnologique des vestiges ou des structures mises au jour, cet ouvrage se présente comme un socle pour les travaux et réflexions futurs.
Pincevent, one of the most significant prehistory archaeological sites in the world, is 84 km south-east of Paris in the Seine-et-Marne Department. The area is rich in evidence of life in the Magdalenian period around 12,000 years ago and was first excavated in 1964 by André Leroi-Gourhan. His work spanned nearly two decades and has continued in similar vein since his death in 1986. Leroi-Gourhan was an innovator in bringing vibrancy to prehistory research that became a model for generations of archaeologists and anthropologists. “I am looking for men and not stones” became his mantra. For him, Man’s development progressed far beyond that of other species for two main reasons: the invention of tools and the use of symbols, including language. Some 55 years of research (1964-2019), retraced here through annual reports, hundreds of publications and some landmark monographs, illustrate the evolution of excavation methods. Expanding the objectives of archaeological searches, combined with appreciation of their intertwined links, has provided a unique perspective: prehistoric ethnology. For Leroi-Gourhan, Pincevent was ideal for developing his ambition of using excavation to show daily life. But, beyond monitoring advances in methodology – including analysis of lithic material and the study of fauna – we wanted to follow their relationship with the very concept of prehistoric ethnology. We drew on Leroi-Gourhan’s pre-Pincevent writings (when he excavated inter alia the caves of Arcy-sur-Cure), noting his theoretical and pragmatic observations, plus descriptions of the excavators themselves. An extra ingredient for this book came from half a century of thoughts, comments, even criticisms from other prehistorians or ethnologists of his widely shared public works. Hopefully these chapters will provide a comprehensive base for future prehistory work and reflections (English summary by Peter Grimsditch).