La société d’après : politique sino-tibétaine et écologie au Yunnan
Collection « Sociétés humaines dans l’histoire »
Les Tibétains du voisinage du parc national de Pudacuo parlent de « la société d’après » pour désigner le monde auquel les changements profonds et récents de leur mode de vie les ont conduits. Ce nouveau monde parle de politique. Il rend compte de la façon dont une ONG conservationniste états-unienne a indirectement contribué à l’intégration de ces Tibétains ruraux à la Chine. Il se déploie autour d’un parc qui se veut « le premier parc national de Chine » et qui joue de l’identification des Tibétains au respect de l’environnement naturel dans l’esprit des touristes. On y voit l’imagerie de « Shangri-La » – paradis terrestre supposé, inventé par le romancier britannique James Hilton dans le best-seller Lost Horizon paru en 1933 – qui a servi à renommer la région. Ce nouveau monde donne à voir des décideurs politiques locaux entreprenants et habiles à tirer parti de l’autonomie que leur laissent les échelons supérieurs. Il est plébiscité par la majorité des Tibétains locaux, en lien avec leur souhait de participer au système d’échange global et leur identité de Tibétains du Yunnan du xxie siècle. Dans le même temps, il ne bénéficie pas autant à tous et il éveille des revendications d’équité. Cet ouvrage montre comment l’appréhension de la nature va de pair avec la politique dans la Chine contemporaine et
comment la globalisation influence le paysage politique national chinois.
Cet ouvrage est la publication de la thèse de Valérie Vandenabeele intitulée « Les nouveaux horizons des Tibétains de Pudacuo. Politique, conservation et globalisation dans le premier parc national de Chine (Shangri-La, Yunnan) », soutenue le 17 décembre 2014 sous la direction de Brigitte Baptandier, dans le cadre du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC UMR 7186) et de l’École doctorale 395 « Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent », de l’université Paris Nanterre, qui a été récompensée par le Prix de thèse de la MAE 2016.